Hal Ingberg_Lumière au CCA

La raison d’être fondamentale de l’architecte est la conception spatiale. Par conséquent, cette installation débute d’une proposition spatiale - un corridor clos, semblable à un tube, de 8′-0” de haut par 3′-0” de largeur par 48′-O” de longueur, placé au travers de trois des salles de la maison Shaughnessy du Centre canadien d’architecture.

Relation directe / intensité
Selon ce cadre de travail, l’intention première est d’introduire à l’intérieur du tube une relation à l’espace particulièrement accrue, directe et intense, se situant au-delà de l’architecture.

Enveloppe
À cette fin, toutes les surfaces, incluant plancher, plafond et murs, sont constituées d’un même matériau, produisant ainsi une configuration spatiale enveloppante.

Couleur
Pour accentuer l’intensité enveloppante de l’installation, le matériau est densément coloré.

Réflexion / opacité
Pour des raisons visant à établir un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur du tube, le matériau employé est composé d’un film coloré intercalé entre deux couches de verre trempé, laminé et semi-réfléchissant. L’éclairage à l’intérieur des trois salles où se trouve l’installation sera en tout premier lieu éteint, les plongeant ainsi dans l’obscurité. L’effet perceptuel depuis l’intérieur du tube oscillera donc simultanément entre opacité et clôture en un jeu de réflexions multiples.

Lumière artificielle
Un alignement central de tubes fluorescents de 8′-0″ de longueur installés à l’intérieur même de l’enveloppe du plafond sera déployé d’un bout à l’autre de l’installation. Outre leur usage utilitaire, l’intention sous-tendue est ici d’investir les appareils d’éclairage d’une présence singulière sans compromis. À cette fin, les tubes fluorescents sont visuellement séparés de leurs ballasts (positionnés à quelques pouces au-dessus de du plafond vitré), entraînant ainsi une lecture sculpturale brute et absolue.

EXTÉRIEUR
Figure
Le contour de l’espace intérieur créé résultera en une forme singulière dont la simplicité et les caractéristiques phénoménales surprenantes pourront être appréciées depuis les salles plongées dans la noirceur situées au-delà.

Espace
À l’intérieur de ces salles, la figure susmentionnée créera autour d’elle-même des configurations spatiales en forme de coin, établissant ainsi un dialogue spatial surprenant avec l’architecture existante

Lanterne / transparence
Depuis les salles, la rencontre entre l’obscurité et le tube artificiellement éclairé de l’intérieur en verre coloré partiellement réfléchissant établi une double lecture optique. Dans un premier temps, le tube semble rayonner tel une lanterne. Dans le second, le spectateur devine que l’épaisseur ou l’opacité apparente du verre semi-réfléchissant telle qu’expérimentée depuis l’intérieur du tube s’est, une fois perçue de l’extérieur perceptuellement métamorphosée en une mince membrane diaphane.

Bocal à poissons / miroir sans tain
Cette dualité de l’expérience phénoménale depuis l’un et l’autre des côtés du verre met alors en scène un spectacle social pour le moins inusité. Tel un poisson dans un bocal, les spectateurs expérimentant le tube depuis l’intérieur deviennent sans le savoir artistes d’une performance destinée à ceux se trouvant dans l’espace plongé dans la noirceur.

Allumé / éteint
L’éclairage de l’installation sera contrôlé par des minuteries. À intervalles déterminés, l’éclairage à l’intérieur du tube s’éteindra alors que celui des salles s’allumera simultanément. Cela aura pour effet d’inverser le spectacle social susmentionné, transformant les acteurs en spectateurs et inversement.

ENTRE DEUX
Matérialité / immatérialité - ambiguïté atectonique
L’installation explore la spécificité avec laquelle des articulations matérielles atectoniques dans l’espace jumelées à des éclairages artificiels peuvent transformer, voire déformer, la perception des limites physiques de cet espace architectural. De façon plus spécifique, elle explore la façon avec laquelle les surfaces de planchers, murs et plafonds peuvent être dématérialisées par un jeu minutieusement orchestré entre espace, lumière artificielle et verre aux caractéristiques susmentionnées. L’une des conséquences ultimes de cette orchestration est la création de rencontres perceptuelles qui, bien que peu familières, soient à la fois hyper élémentaires. Par une oscillation entre matérialité et immatérialité, chaque spectateur voit ses facultés perceptives remises en question, faisant ainsi place à une ambiguïté atectonique. Le but de ces opérations est d’étendre notre compréhension conventionnelle de l’expérience spatiale propre à l’architecture, fournissant ainsi un modèle formellement simple bien que perceptuellement complexe pour la pratique quotidienne de la conception spatiale.

Lumière artificielle: Installation au Centre Canadien d’architecture
Réalisation : Hal Ingberg, architecte
Responsable de la conception : Hal Ingberg, architecte
Installation : octobre 2002 - mai 2003
Commanditaires : Vitrerie April Inc., Conseil des arts et des lettres du Québec ,Solutia, Vitreco, Visionwall Corporation, Novus